La plus belle forfaiture de Dieu

La Miséricorde ou la Grâce

 

Mais, combien en veux-tu? Mais combien t’en faut-il

Avant que d’épargner, de nous, ce qui te reste?

Es-tu seulement grâce à nos sacrifices?

Mais petit pour la grâce ou la miséricorde?

 

Les idoles en or que nous avons construites

Dans le désert aux bons vieux temps du paganisme

N’avaient pas cette soif de notre sang versé

Ni ce triste appétit pour nos maux et nos plaies.

 

Si tu ne nous veux plus ton seul Peuple Elu

Ne peux-tu pas au moins nous laisser seuls en paix?

Pourquoi faut-il toujours que nous restions aux mains

De ceux qui n’ont d’autre besoin que de haïr?

 

Mieux vaudrait retourner vivre en terre d’Egypte

Traverser la Mer Rouge aussi dans l’autre sens

Nous livrer vifs en esclavage aux Pharaons

Et sous leur pyramide adorer leur faux dieux

 

Tout ce qu’ils nous ont fait, là-bas, pendant des siècles

Seigneur! Ce qu’ils voudraient ou bien ce qu’ils espèrent

Et tout ce qu’ils pourront nous faire enfin subir

Plutôt que voir ici ce qu’ils font sous tes yeux!

 

Pourtant tu resteras pour nous cet Eternel

Nous n’invoquerons un autre Dieu que toi

Mais c’est la nuque roide et le regard voilé

Que nous t’aimerons plus que tu ne le mérites

 

Nous t’avons appelé, tu n’as pas répondu

Frappé fort à ta porte et tu n’as pas ouvert

Nous avons observé tous tes commandements

Mais pas toi!

Un Génocide en Héritage, Texte de Alexandre Oler, 1998, Wern Editions.

Publié par

Didier Durmarque

Didier Durmarque est professeur de philosophie en Normandie. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont la plupart sont des approches de la question de la Shoah. Moins que rien (2006), La Liseuse (2012) étaient des approches littéraires et romanesques de la question du néant, de l’identité et de la culture à partir de la Shoah. Philosophie de la Shoah (2014) Enseigner la Shoah: ce que la Shoah enseigne (2016) et Phénoménologie de la chambre à gaz (2018) constituent une tentative de faire de la Shoah un principe de la philosophie.

2 réflexions au sujet de « La plus belle forfaiture de Dieu »

  1. Quand tout va mal on s’en remet à Dieu et quand tout va bien non.
    Samuel Willenberg, l’un des derniers survivants de Treblinka disait : « Je l’ai cherché mais Dieu devait être en vacances ».
    S’il existe, je pense qu’il observe le comportement des hommes, peut être pour mieux s’en souvenir un jour.
    Pour ma part, seuls les hommes sont responsables de leurs actes, quels qu’ils soient.

  2. D’après l’ancien testament, le peuple juif est responsable des malheurs qui lui arrivent. Il est puni pour sa désobéissance à Dieu. Voir par ex. Lévitique 26:14 et suivants et
    Deutéronome 28:58 et suivants. Même dans le malheur, c’est au Seigneur qu’on demande du secours, ex. Psaumes 22 et 88.
    Cela rend d’autant plus poignant les écrits de victimes, survivants et descendants qui remettent en question le laisser-faire de Dieu, et pour lesquels l’holocauste prouve que Dieu n’existe pas. En tant que Juifs, nous nous comportons alors en hérétiques.
    Par ailleurs, je suis tout à fait d’accord avec Jacques, nous devons assumer nos actes et leurs conséquences.

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