Treblinka: un témoignage inédit

Un témoignage inédit:

Avrom Goldfard

 

À Treblinka II se trouvaient les chambres à gaz. Initialement, il y avait là trois petits chambres à gaz. Environ 4 mètres de long sur 4 mètres de large, pour une hauteur d’environ 2,20 mètres. On faisait entasser dans ces chambres de 400 à 450 personnes. Le long du chemin conduisant aux chambres à gaz, des deux côtés de la clôture, étaient postés des Allemands avec des chiens. Ces chiens se jetaient sur les hommes toujours par-devant, pour leur mordre le membre, et chez les femmes, les seins. Les Allemands frappaient à coups de cravache, de barre de fer, de sorte que les gens s’efforçaient d’eux-mêmes de pénétrer au plus vite dans les chambres à gaz. Les chiens arrachaient des lambeaux de chair. Les cris étaient si forts qu’on les entendait loin du camp. Les Allemands criaient: « Plus vite, plus vite, l’eau refroidit, d’autres attendent déjà pour la douche. »

La procédure de gazage 

Il arrivait que certains morts, une fois sortis des chambres à gaz, « reviennent à eux », c’est-à-dire se remettent à respirer et à donner des signes de vie. Lorsque les Allemands le remarquaient, ils leur tiraient une balle dans la tête. Ou bien on les jetait tout simplement dans la fosse, encore vivants, de sorte que la terre dont on recouvrait la fosse continuait de remuer.

Le Lazarett

Une fois, c’était fin 1942, on a amené de Czestochowa un convoi d’enfants accompagnés de leur maîtresses. Frankenstein a ordonné aux maîtresses de jouer et danser avec les enfants. Pendant ce temps, il prenait les enfants par deu par la main et les menait aux Ukrainiens qui devaient leur broyer la tête à coups de crosse. Ensuite Frankenstein jetait les corps dans la fosse en flammes du Lazarett. « Dommage de gâcher des balles pour cette merde », disait-il.

Différentes nationalités à Treblinka

Les Allemands y ont fait venir aussi des Tsiganes avec leurs chariots et tous leurs biens. Une fois, un convoi de quelques centaines de Tsiganes est arrivé. Lorsqu’on les a attirés dans la chambre à gaz, l’un d’eux (un jeune, suivi par un groupe) a entrepris de démonter la chambre à gaz. Mais un Ukrainien posté sur le toit les a tous abattus de sa mitrailleuse.

Les bandes polonaises de l’AK

Dans les forêts autour de Sterdyn rôdaient des bandes de l’organisation clandestine AK, qui assassinaient les Juifs avec une exceptionnelle cruauté. Lorsqu’ils attrapaient un Juif, ils le brûlaient vivant. Yankev Polyakevitsh était contraint de fuir et de se cacher pour sauver sa peau.

Après la libération, des Juifs isolés, ayant survécu par différents moyens, ont commencé à se montrer. Ils ont commencé à se regrouper dans les agglomérations les plus importantes. Mais les bandes polonaises pénétraient même dans ces villes pour assassiner les Juifs. C’est ainsi qu’à Miedzyrec 40 Juifs ont péri juste après leur retour.

 

Michal Hausser-Gans: Treblinka, 1942-1943. Une usine à produire des mots juifs dans la forêt polonaise, Calmann-Lévy, 2019, p. 331 à 341 (extrait)

Publié par

Didier Durmarque

Didier Durmarque est professeur de philosophie en Normandie. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont la plupart sont des approches de la question de la Shoah. Moins que rien (2006), La Liseuse (2012) étaient des approches littéraires et romanesques de la question du néant, de l’identité et de la culture à partir de la Shoah. Philosophie de la Shoah (2014) Enseigner la Shoah: ce que la Shoah enseigne (2016) et Phénoménologie de la chambre à gaz (2018) constituent une tentative de faire de la Shoah un principe de la philosophie.

Une réflexion sur « Treblinka: un témoignage inédit »

  1. Michal Hausser-Gans: Treblinka, 1942-1943. Une usine à produire des **mots** juifs dans la forêt polonaise –> Quel lapsus, si vrai, si dense.
    Merci pour ce site !
    David

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