Avant-propos de « phénoménologie de la chambre à gaz » (A paraître)

 

SORTIE DANS LES PAYS FRANCOPHONES

8 OCTOBRE 2018

 

AVANT-PROPOS

Je suis de la génération qui verra mourir les derniers survivants de la Shoah, destruction des Juifs d’Europe, et du Porajmos, génocide tzigane de la « Grande Allemagne ».

Je suis de la génération qui porte une responsabilité particulière dans le maintien, la transmission des traces.

Je suis de la génération qui a la charge de faire de la Shoah ce qui ne relève ni d’un culte, ni d’une religion, mais d’une expérience de l’Être qui convoque simultanément toute la métaphysique occidentale et la parole juive.

Je suis de la génération qui doit faire de la Shoah une affaire pour la raison, de la raison, une affaire philosophique, loin des poncifs et des affects. Avec l’histoire et au-delà de l’histoire parce que, dans la Shoah, se joue, se dévoile, se décide bien plus qu’un simple événement historique.

Je suis de la génération qui fait de la Shoah un principe pour la philosophie, plus effectif pour comprendre l’identité humaine, ou plutôt son absence d’identité, et le rapport de l’homme au monde, c’est-à-dire avant tout à l’immonde, au renversement de la raison, à la perversion, confirmant que philosopher consiste à bien penser à l’envers, selon la formule prophétique de Hegel.

Ce faisant, je suis de la génération qui fait de la Shoah un problème pour la raison et de la raison. Comment un principe peut-il être à la fois un problème ? Il faut se tourner vers la chambre à gaz et vers la tentative d’une phénoménologie ontologique de la chambre à gaz pour répondre à ce questionnement.

Cette méthode part de l’expérience, du donné sensible pour faire voir autre « chose » dans la tension, dans le couple non fusionnel, dans une réflexion sur l’essence de la technique et la technique elle-même.

Je suis de la génération qui aimerait faire de la Shoah un problème et un principe, donc une école philosophique.

Suis-je le seul de ma génération ?

Extrait de Phénoménologie de la chambre à gaz, Editions Age d’Homme, 2018, p. 13-14.

 

 

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Publié par

Didier Durmarque

Didier Durmarque est professeur de philosophie en Normandie. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont la plupart sont des approches de la question de la Shoah. Moins que rien (2006), La Liseuse (2012) étaient des approches littéraires et romanesques de la question du néant, de l’identité et de la culture à partir de la Shoah. Philosophie de la Shoah (2014) Enseigner la Shoah: ce que la Shoah enseigne (2016) et Phénoménologie de la chambre à gaz (2018) constituent une tentative de faire de la Shoah un principe de la philosophie.

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