Une fois de l’étage de notre block, j’ai vu une scène qui m’a frappé pendant longtemps. Ce fut un jour où je restais au camp car l’on m’avait convoqué, par note écrite, à l’hôpital. A mon retour du HKB, je suis resté dans le block. Le temps était brumeux et il faisait sombre. La compagnie disciplinaire travaillait sur la place d’appel, creusant et transportant du sable. Un autre commando faisait, dans le froid, de la « gymnastique ». Près du trou creusé, se trouvaient trois SS. Craignant de s’éloigner de leur poste de travail du fait que Palitzsch ou le commandant inspectait ce jour-là le camp, ces derniers ont inventé une distraction. Ils ont fait un pari, chacun déposant des billets sur une brique. Puis, ils ont fait soigneusement enterrer un prisonnier dans le sable, la tête en bas. Et regardant leur montre, ils ont compté les minutes pendant lesquelles le prisonnier a remué les jambes. Une sorte de sweepstake moderne, me suis-je dit. Apparemment, celui qui s’était rapproché le plus du temps mis par le prisonnier pour mourir remporte les mises.
Le rapport Pilecki: Déporté volontaire, Auschwitz 1940-1943.
Editions Champ Vallon, 2014, p.76.
A noter: Une adaptation théâtrale du rapport Pilecki, mise en scène par Patrick Olivier.
Du 19 au 29 janvier 2016 – Le mardi à 14h30 et 20h30 // le jeudi et vendredi à 14h30
Théâtre de l’Epée de Bois
- Téléphone :
- 01 48 08 39 74
- Site Web :
- http://www.epeedebois.com/
Le patriote Witold Pilecki commandant de l’armée krajova assassiné par les communistes en 1948 déclara à sa femme. » Par rapport à ce que je subis aujourd’hui dans les geôles communistes, Auschwitz était un kindergarten.