Réponse à Jean-Claude Milner sur « Philosophie de la Shoah »

Cher Monsieur Milner;

Mon projet consistait à montrer comment la philosophie pouvait penser la Shoah, sans s’interroger davantage sur la nature de la philosophie. Je suis d’accord avec vous, le passage entre contradiction et pléonasme recouvre le problème plus qu’il ne le pense.

 

Si par changement de nature (de la philosophie), vous entendez la reconnaissance de la parole juive comme figuration de l’Etre, alors je réponds affirmativement à votre question. Heidegger, sans le savoir, a été très proche de la parole juive, mais la récente publication des Cahiers Noirs rend ce message peu audible. 

 

Bien plus, si vous entendez par changement de nature de la philosophie un changement de principe, la Shoah comme principe de la modernité remplacerait effectivement le cogito, voire le Dasein, au sens où elle invite à repenser une métaphysique de l’Etre en relation avec le sens de la technique (point traité également dans la Torah) ainsi qu’une philosophie de l’immanence à partir de ses structures.

 

Mettre en place une école, autour de ces deux pôles, constituerait l’horizon logique et ontologique de cette première esquisse…Cette ambition est, pour l’instant, utopique.

Mais le temps philosophique est un temps long et mon livre n’est sorti qu’en octobre 2014.

Bien à vous.

Publié par

Didier Durmarque

Didier Durmarque est professeur de philosophie en Normandie. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont la plupart sont des approches de la question de la Shoah. Moins que rien (2006), La Liseuse (2012) étaient des approches littéraires et romanesques de la question du néant, de l’identité et de la culture à partir de la Shoah. Philosophie de la Shoah (2014) Enseigner la Shoah: ce que la Shoah enseigne (2016) et Phénoménologie de la chambre à gaz (2018) constituent une tentative de faire de la Shoah un principe de la philosophie.

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