Shoah est modernité

La déresponsabilisation rendue possible par la bureaucratie, plus précisément la dématérialisation de la responsabilité, au sens où ce n’est pas moi qui réponds de mes actes, mais mon supérieur, voire le système tout entier, est également précurseur de notre société moderne, où tout se passe comme si nous avions un système sans homme qui décide de ce qui est et de ce qui doit être, du rationnel et du raisonnable. Surtout du rationnel et de son renversement : les grandes agences de spéculation boursière s’appuient systématiquement sur des logiciels dont la complexité formelle et mathématique ne laisse guère de place aux facteurs humains, tout du moins en amont. Perfection des moyens qui devient sa propre fin.

 

Philosophie de la Shoah, Age d’Homme, 2014, p. 40.

Publié par

Didier Durmarque

Didier Durmarque est professeur de philosophie en Normandie. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont la plupart sont des approches de la question de la Shoah. Moins que rien (2006), La Liseuse (2012) étaient des approches littéraires et romanesques de la question du néant, de l’identité et de la culture à partir de la Shoah. Philosophie de la Shoah (2014) Enseigner la Shoah: ce que la Shoah enseigne (2016) et Phénoménologie de la chambre à gaz (2018) constituent une tentative de faire de la Shoah un principe de la philosophie.

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