La Shoah comme suspension de l’être chez Lévinas

Ce qui fut unique entre 1940 et 1945, ce fut le délaissement. Toujours on meurt seul et partout les malheurs sont désespérés. Et entre les seuls et les désespérés, les victimes de l’injustice sont partout et toujours les plus désolées et les plus seules. Mais qui dira la solitude des victimes dans un monde mis en question par les triomphes hitlériens où le mensonge n’était pas même nécessaire au Mal assuré de son excellence?

(…)

Interrègne ou fin des Institutions comme si l’être même était suspendu.

Plus rien n’était officiel. Plus rien n’était objectif.

Pas le moindre manifeste sur les droits de l’homme.

Aucune « protestation d’intellectuels de gauche »!

Absence de toute patrie, congé de toute France!

Silence de toute Eglise!

Insécurité de toute camaraderie!

 

Lévinas

 

 

Emmanuel Levinas, Noms Propres, Fata Morgana, 1976, texte intitulé « Sans nom ».

Publié par

Didier Durmarque

Didier Durmarque est professeur de philosophie en Normandie. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont la plupart sont des approches de la question de la Shoah. Moins que rien (2006), La Liseuse (2012) étaient des approches littéraires et romanesques de la question du néant, de l’identité et de la culture à partir de la Shoah. Philosophie de la Shoah (2014) Enseigner la Shoah: ce que la Shoah enseigne (2016) et Phénoménologie de la chambre à gaz (2018) constituent une tentative de faire de la Shoah un principe de la philosophie.

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