« J’affirme haut et fort avec les prérogatives qui me sont dues en tant que témoin, que La Liseuse naquit de toutes les cendres de la Shoah, puis des autres génocides. C’est la raison pour laquelle La Liseuse est une citoyenne du monde.
L’annonciation eut lieu à la première échographie. Le docteur Frank faillit d’ailleurs en avoir une attaque. Il feignit d’abord de s’étouffer, puis sortit brusquement de son bureau, avant de réapparaître aussi livide que sa blouse (…)
Elle était bien là, identique à elle-même, unique, reconnaissable entre toute parce qu’elle lisait un livre baignant dans le liquide amniotique. »
L’histoire d’une femme qui entre chez les gens par effraction pour leur lire des livres : folie, effet de mode, acte désespéré, suicide social déguisé, subversion arbitraire, nouvelle forme de culte ? A qui a-t-on affaire ? Se prend-elle pour une pseudo révolutionnaire d’une contre-culture ? Certains parlent d’une nouvelle forme de messianisme. D’autres d’une religion qui ne serait plus basée sur la croyance, mais sur la relation. Les plus illuminés évoquent une espèce de théâtre délictueux et nocturne qui produit de la vie, de l’imprévu, du sens. Va-t-elle finir par entrer chez vous, en vous ?
Didier Durmarque garde cette exigence de penser le sens et le non-sens à partir d’Auschwitz. Tandis que Moins que Rien (2006) pensait la question du sens et du néant à partir de l’existence, La Liseuse cherche à le cultiver à partir de la culture, et plus précisément à partir de cet objet étrange, qui ne vaut rien par ce qu’il est matériellement, mais tend à la richesse intemporelle par son contenu spirituel : le livre.
tres sympas ce blog , merci beaucoup !!