« Considéré sous l’angle d’une opération complexe, l’Holocauste pourrait servir de modèle de rationalité bureaucratique moderne. Presque tout était fait pour atteindre des résultats maximaux au prix de coûts et d’efforts minimaux. Presque tout (dans le domaine du possible) était fait pour utiliser au mieux les compétences et les ressources de tous les participants, y compris celles des futures victimes de cette opération réussie. Presque toutes les pressions inutiles ou contraires à l’objectif en question étaient neutralisées ou totalement désamorcées. En vérité, l’histoire de l’organisation de l’Holocauste pourrait devenir un manuel de gestion scientifique. Sans la condamnation morale et politique de son objectif, imposée au monde par la défaite militaire de ses auteurs, elle aurait pu effectivement devenir un modèle classique. Une pléthore de chercheurs distingués auraient rivalisé pour étudier et généraliser son exemple pour le plus grand profit d’une société avancée »
BAUMAN, modernité et Holocauste, p.237.