Le renouvellement et le recentrement du regard sur l’enfant vont ainsi de pair avec la réception d’oeuvres qui exercent une autocritique en acte de la culture de la Shoah. Le regards des enfants y remet souvent en cause celui des adultes; questionnant leurs témoignages et la façon dont ils mythifièrent l’enfant, voire mystifièrent sa mémoire. Cette double trahison des adultes « pleurnicheurs » fait enrager la « petite » du récit de Cordelia Edvardson, L’enfant brûlé recherche le feu:
« Sa rage ne lui permettait pas de laisser les autres avoir pitié d’elle ou s’occuper d’elle. Ils ne s’en sortiraient pas si facilement! Ils ne devaient pas avoir le droit de pleurer sur elle, comme ils pleurnichaient à propos du journal d’Anne Franck (…) A travers les lettres si émouvantes à « Kitty », le monde obtint sa catharsis pour un prix dérisoire – à moindre frais, et de jolies jeunes actrices obtinrent un rôle prometteur, qu’elles pourraient jouer dans un film ou au théâtre, pensait-elle pleine de haine. »
L’Enfant et le Génocide, Témoignages sur l’enfance pendant la Shoah.
Textes choisis et présentés par Catherine Coquio et Aurélira Kalisky, Robert Laffont, 2007, p. LXXXV.