Cher Monsieur Milner;
Le statut d’événement de la Shoah tel que le décrit Badiou est pourtant indéniable. Des propos aussi hétérogènes que ceux de Kertész, Rousset, Primo Levi et Bialot en témoignent.
Mais il y a peut-être plus qu’une simple historicité, ni qu’une simple historialité: Nolte parlait déjà d’un passé qui ne passe pas: une permanence étrangère au devenir.
Si je considère que la Shoah donne à voir de l’être, en immanence et en transcendance, je considère alors qu’il y a bien plus qu’un simple « avoir lieu » ou un « faisant histoire ». Il y a de l’Etre, qu’il soit lié à la Révélation sinaïque ou à la métaphysique occidentale, c’est-à-dire qu’il y a un problème de l’Etre qui doit être mis à jour.
Quand l’exploitation d’un fond se donne comme forme, de sorte qu’il n’y a plus de fond, mais un néant, une menace pour l’homme et pour le monde, alors peut-on encore simplement parler d’événement? Comment traduire le terme Gestell sans le dévoyer, sinon par technicisme métaphysique?
Bien à vous.