Autant la connaissance de la Shoah, si celle-ci devient un problème, et non plus seulement un événement, est possible à partir de la connaissance de ses structures (Philosophie de la Shoah le montrera), autant l’impossibilité d’exister avec et après la Shoah relève d’un horizon indépassable, tel un passé qui ne passe pas…
« Je vis sans vivre. Je fais ce qu’il faut faire. Parce qu’il le faut, parce que les gens le font. Parce que j’ai un fils qui n’est pas encore élevé. Ne crois pas que j’aie jamais la tentation d’en finir. Il n’y a rien à finir. Je me demande souvent comment font les autres, ceux qui sont revenus. » (Charlotte Delbo, Mesure de nos jours, Editions de Minuit, 1971, p.49).
Etonnant double fond d’une littérature qui nous donne à voir la nature même de l’existence: l’impossibilité d’exister.
Il n’y a rien à finir. Comme le souligne le paragraphe 51 de Sein und Zeit (Heidegger), même la mort ne finit rien.
Pour une métaphysique de la Shoah.