Université moderne techniciste et indifférence morale.

La crise de crédibilité de l’université moderne vient du fait que les camps de la mort ne furent pas imaginés et construits, ni leur schéma opérationnel conçu par des illettrés, des sauvages ignorants et incultes. Les centres de mort étaient, comme leurs inventeurs, les produits de ce qui était, depuis des générations, l’un des meilleurs systèmes universitaires du monde.

Nos étudiants travaillent indifféremment sans grand conflit moral, pour le Chili social-démocrate ou le Chili fasciste, pour la junte grecque ou la république grecque, pour l’Espagne franquiste ou l’Espagne républicaine, pour la Russie, pour la Chine, pour les Koweïtiens ou les Israéliens, pour l’Amérique, l’Angleterre, l’Indonésie ou le Pakistan…Ceci résume, fut-ce grossièrement, le rôle joué par les techniciens de haut niveau, ceux qui forment « formés » à certaines compétences, dans l’indifférence morale, éthique et religieuse de l’université moderne.

Franklin H.Littell: The Credibility Crisis of the Modern University.

Cité par Bauman: Modernité et Holocauste, Editions Complexes 2008, p.204.

 

 

Publié par

Didier Durmarque

Didier Durmarque est professeur de philosophie en Normandie. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont la plupart sont des approches de la question de la Shoah. Moins que rien (2006), La Liseuse (2012) étaient des approches littéraires et romanesques de la question du néant, de l’identité et de la culture à partir de la Shoah. Philosophie de la Shoah (2014) Enseigner la Shoah: ce que la Shoah enseigne (2016) et Phénoménologie de la chambre à gaz (2018) constituent une tentative de faire de la Shoah un principe de la philosophie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.