« La petite colonne était emmenée par un SS qui en bon Allemand aimait les enfants, même ceux qu’il conduisait dans l’autre monde. Il avait été particulièrement charmé par un garçon d’une douzaine d’années, un jeune violoniste qui avait pris son instrument sous le bras. Il lui a demandé de se placer en tête de la procession et de jouer des airs entraînants. C’est de cette manière qu’ils se sont mis en route.
Lorsque je les ai croisés rue Gesia, les bambins ravis chantaient tous en choeur, accompagnés par le petit violoniste. Korczak portait deux des plus jeunes orphelins, lesquels rayonnaient aussi tandis qu’il leur racontait quelque conte merveilleux.
Je suis certain que même bien plus tard,au camp, lorsque le gaz zyklon B commençait à attaquer leurs poumons et qu’une terreur indicible succédait à l’espoir, je suis certain que « Papy Docteur » a dû parvenir à leur murmurer, dans un dernier effort: »Tout va bien, les enfants, tout ira bien », et qu’il a au moins essayé d’épargner aux petits dont il avait la charge l’approche effrayante de la mort »
Wladyslaw Szpilman, Le pianiste, édition Pocket, P.136-137.