Au Lager, ce peuple qui n’avait pas « l’honneur » des guerriers mais qui possédait jusqu’au fond des tripes la dignité du juste n’était plus composé que de torches humaines. Oui, chaque corps qui s’embrasait dans un four crématoire, dans une fosse, chaque flamme d’Auschwitz éteignait une étoile dans le ciel.
Désormais il fera noir sur la terre, très noir.
Les bûchers, ces hommes les connaissaient et, de par leur mort, le monde environnant n’a pas fini de griller. Le feu va s’étendre, se répandre, gagner la planète entière.
(…)
Les SS ont gagné parce que, après Auschwitz, les Juifs seront assimilés au conformisme général et uniformisés par la nationalité, la conversion ou Eretz Israël, et voilà pourquoi Le Lager termine une épopée de quarante siècles. Mais le triomphe de l’Ordre noir tient surtout dans le fait qu’il a relativisé le meurtre, fait de l’assassinat une statistique, banalisé la torture, le crime collectif, inventé la mort globale, celle des hommes et de leur culture. Et ça, les êtres humains ne l’oublieront pas, ça leur plaît! Trop! Beaucoup trop! Voir les informations du jour… p.275-276-277.